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Vous avez envie d’en savoir plus sur les liens qui unissent la cité de Domfront au fameux Guillaume le Conquérant ? Vous êtes friand d’histoire médiévale locale ? Ou encore, vous êtes un insatiable curieux en quête de découvertes ? Vous avez cliqué au bon endroit ! Grâce à Jean-Philippe Cormier, président de l’Association pour la Restauration du Château de Domfront, plongez dans le XIe siècle, au temps des chevaliers normands…    

Statue de Guillaume le Conquérant à Falaise (© P.Boittin)

Quelle histoire !

Quel aurait été le destin de Guillaume le Bâtard, tout juste victorieux d’une dangereuse opposition normande à Val-ès-Dunes en 1047, sans sa mainmise sur Domfront et le Passais, au Sud du duché de Normandie, quelques années plus tard ? Ce fut son premier succès extérieur contre un puissant voisin, Geoffroy Martel, comte d’Anjou et du Maine, une étape déterminante de sa montée en puissance.

Au sud, la poussée angevine

Geoffroy Martel était un rude adversaire et ses ambitions territoriales ne cessaient de s’affirmer au point d’inquiéter même le roi de France Henri Ier. Il venait de s’emparer de la Touraine et des terres de Thibaut de Blois en 1044 et tournait ses regards vers la frontière méridionale du duché de Normandie. En 1048 (ou 1051 selon les auteurs), il prit le Mans, puis, remontant vers le Nord, il installa des garnisons à Alençon et à Domfront, possessions de Guillaume Talvas, seigneur de Bellême, dont les terres, approximativement le département actuel de l’Orne, dépendaient pour certaines du duché de Normandie et pour d’autres du comté du Maine. Celles-ci constituaient une sorte d’état tampon, de marche entre les deux principautés, les comtés d’Anjou et du Maine au sud, le duché de Normandie au nord.

Les chroniques et ruses normandes

Dans quelle mesure Talvas avait-il traité avec le Comte d’Anjou et lui avait ouvert volontairement ses places-fortes ? On ne le saura jamais. Toujours est-il que Guillaume s’inquiéta et décida d’intervenir pour contrer ces menées. Pendant que le roi de France intervenait sur la Loire contre Geoffroy Martel, Guillaume tenta de prendre Domfront par surprise, mais la garnison fut prévenue et l’opération échoua. Le chroniqueur Guillaume de Poitiers, très favorable à notre duc, exagère sans doute quand il écrit que Guillaume s’approchant de Domfront avec à peine 50 cavaliers aurait mis en déroute la garnison de 300 cavaliers et 700 hommes ! Pure invention quand on sait que la garnison n’a jamais dépassé 200 hommes au plus fort de la guerre de Cent ans ! En réalité, il dut se résoudre à établir le siège de la forteresse en faisant construire, disent les chroniqueurs, quatre « castella » en plus des installations légères de siège. Certains historiens ont voulu voir ces fortifications dans les mottes qui subsistent au sud (les Petits Mortiers à Céaucé) et au sud-est de Domfront (Lucé, La Baroche-sous-Lucé, Sept-Forges) destinées probablement, selon eux, à verrouiller les chemins du sud par lesquels pouvaient arriver d’éventuels renforts angevins.  
Motte de la Baroche-sous-Lucé

Motte de la Baroche-sous-Lucé

Une terrible vengeance

Les Hastingales (août 2016) dans la Cité médiévales de Domfront en Poiraie (Orne, Normandie) une manifestation festive pour célébrer les 950 ans de la bataille d'Hastings et rendre hommage à Guillaume le Conquérant.

Aux Hastingales, 2016

Jugeant alors superflue sa présence au siège de Domfront, il décida d’aller prendre la citadelle d’Alençon par surprise. Son raid échoua et il dut se résoudre là aussi à l’assiéger. Mais ce siège fut bref car, d’après Guillaume de Jumièges et Ordéric Vital, les insultes proférées par les défenseurs le mirent dans une fureur telle qu’il vint rapidement à bout de la résistance. Il n’avait pas supporté que les soldats, qui battaient les peaux de bêtes fraîchement écorchées servant à recouvrir les hourds et palissades en bois contre les flèches enflammées, l’humilient en criant « à la pel, à la pel ! » pour lui rappeler sa bâtardise et le métier de tanneur de son grand-père maternel. Entré dans la ville, il fit couper les pieds et les mains de 32 défenseurs (un des seuls faits de cruauté qu’on lui connaisse, mais qui a durablement entaché sa mémoire).  

Domfront entre les mains de Guillaume

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Vue sur le château et le bocage domfrontais aujourd’hui.

Isolés, sans espoir de secours, les hommes qui défendaient Domfront ne tardèrent pas à se rendre quand Guillaume y revint. Le duc installa une garnison normande dans le château, confisqué de ce fait au seigneur de Bellême, qui ne put le reprendre qu’après son décès, en 1087. L’incorporation de la région de Domfront, le Passais, au duché, acheva la formation territoriale de la Normandie. Il conserva toutefois certaines exemptions fiscales, et sur le plan ecclésiastique, releva jusqu’à la Révolution de l’évêché du Mans.     Avec la prise de Domfront, premier succès de Guillaume au delà des limites de son duché, la Normandie connut sa dernière extension territoriale. La frontière méridionale de la Normandie était désormais sécurisée. Cette région et ces évènements ont donc été extrêmement importants pour le duc de Normandie ; sans eux, la conquête de l’Angleterre, quelques années plus tard, n’aurait sans doute pas pu avoir lieu.  

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Vous avez envie de poursuivre la découverte ? Rendez-vous sur le site de l’office de tourisme où vous trouverez les horaires des visites guidées, des documents sur le château et la cité médiévale, une application à télécharger… Sur place, au 12 place de la Roirie, une série de plaquettes explicatives est gratuitement mise à disposition des visiteurs. Sur le site de l’Association pour la Restauration du Château de Domfront, vous trouverez de plus amples informations sur l’histoire du château, les recherches qui y sont menées et bien plus encore : actualités, publications…